RADIO RADIO AVULETE – KANAL K
Hommage au Feu Professeur Nioussérê Kalala OMOTUNDE,
Un grand panafricaniste
Invité et Interview : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Directeur Général de Afrocentricity Think Tank
Journaliste : M. Sylvain AMOS.
Adresse : Suisse.
Emission du Samedi 19 novembre 2022 :
Editions spéciale.
Hommage au Grand kamite Kalala OMOTUNDE :
Que retenir de ses enseignements sur la Renaissance africaine ?
Participants à l’émission :
Mme Akissi NGUESSAN, Membre de la Diaspora Aficaine de Belgique
M. Moïse ESSOH, Militant politique du parti Union des Populations du Cameroun (UPC) – Maniden au Cameroun
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1. Qu’est-ce qui explique l’émoi international suscité par la disparition brutale de Kalala OMOTUNDÉ ? Vous qui l’avez connu, vos impressions ?
YEA. Merci pour l’invitation. Permettez-moi d’abord de m’incliner devant la mémoire et l’esprit de Nioussérê Kalala Omotundé, un combattant hors pair contre l’usurpation de l’imaginaire, de l’histoire, de la vérité et de la justice envers le Peuple noir. Il est officiellement décédé à 55 ans le 14 novembre 2022 à 11h18 mn suite à une crise cardiaque. Toutefois, nous sommes nombreux à souhaiter et attendre les résultats de l’autopsie du corps pour s’assurer qu’il n’a pas été victimes, comme les tous les grands combattants pour la souveraineté et l’indépendance des peuples noirs, d’une lâche liquidation. De nombreux colloques ensemble à Paris avec la maison d’éditions Menaibuc, ce depuis environ l’an 2000 ont permis de populariser la pensée africaine.
Faut-il rappeler que cette souveraineté et cette indépendance ne servent à rien si cela ne profite pas au mieux-être du Peuple africain, et l’amélioration de son bien-être quotidien !
S’il a renoncé à ses noms d’emprunt en référence à la marque de la violence occidentale sur son identité, les deux prénoms kamites choisis font référence à l’antériorité de la KMT, une civilisation noire qui a fait la promotion systématique de la paix.
En effet, Nioussérê fait référence à l’Egypte ancestrale comme le berceau de la connaissance et du savoir alors que Kalala rappelle l’arbre à palabre à savoir l’institution traditionnel de résolution des conflits au Congo. La pensée et les valeurs africaines reposent sur le « vivre ensemble en paix ».
Kalala Omotundé était donc bien un homme de paix, contrairement à l’énergie débordante dont il faisait preuve lors de ses interventions musclées pour convaincre l’autre pour l’extirper de l’aliénation culturelle imposée de l’extérieur. Ce pacifiste rejetait le racisme et la violence sous toutes ses formes et était ouvert au débat sur les valeurs culturelles et cultuelles des tenants des cultures qui ont réduit les Noirs à de la marchandise commercialisable, parfois au nom d’un Dieu ségrégationniste.
C’est au cours de la transmission de ce savoir qu’il mit en valeur les vérités et mensonges sur le Peuple noir, l’aliénation culturelle et cultuelle qui s’en suivit, et bien sûr les conséquences politiques et économiques que sont l’esclavage, l’exploitation, l’usurpation et la soumission du Peuple noir. En cela, l’UNESCO a reconnu sa compétence et a bénéficié de ce savoir dans le cadre de missions ponctuelles en tant que consultant ou expert.
2. Est-ce que Kalala Omotundé peut-être réduit à la fonction de simple activiste ?
YEA. Non, Plus qu’un activiste d’une cause juste pour le Peuple africain, Kalala Omotundé est un éveilleur de conscience. Kalala Omotundé a « réveillé » autant les Noirs que les Non-Noirs. C’est un démocrate. Il a popularisé des vérités historiques concernant le Peuple noir. L’histoire du Peuple noir remonte à l’origine des temps. Il n’est pas acceptable que ce soit ceux qui ont violé l’imaginaire des Noirs, et qui ont massacré le Peuple noir avec une férocité sans précédent, qui décident non seulement d’écrire l’histoire du Peuple Noir, et qui en profitent pour la travestir.
Comme nous, les Panafricanistes, ne pouvons accepter cela, il n’est pas étonnant qu’Omotundé, le Panafricaniste, se soit opposé à cette injustice, à cette usurpation, à ce mensonge, à ce travestissement de l’évolution du monde sans le Peuple noir.
Comment de grands égyptologues blancs peuvent-ils encore refusé de dire que le grand Pharaon Toutankhamon n’était « pas noir, mais foncé de peau, voire très bronzé ». Mais la vérité que l’archéologie est en train de démontrer que le Pharaon Toutankhamon était bien Noir, un Africain. Alors imaginez que de nombreux écrits dont la Bible ou le Coran ne pourront pas faire l’économie d’oublier la mission et l’apport du Peuple Noir à l’humanité.
3. Pourriez-vous nous rappeler succinctement le parcours professionnel de Kalala Omotundé ?
Diplômé de l’Ecole de publicité de Paris, il a enseigné à l’Institut Africamaat à Paris dont il est le co-fondateur avec René Louis Etilé, Egyptologue et Salomon Mézépo, Architecte et Fondateur des éditions Menaibuc). Il est membre fondateur de l’Institut d’Histoire Anyjart en Guadeloupe (voir https://www.anyjart.com/institut-dhistoire-anyjart). Kalala Omotundé rappelle à tous les ministres en charge de l’Education et le Savoir en Afrique et dans les pays d’accueil de la Diaspora africaine que nul ne peut ignorer sa propre histoire et passer son temps à aller apprendre celle des autres. Pire, l’autre « non-Noir » ne peut diffuser sa version de l’histoire de monde en s’assurant que cette vision non-afrocentriciste du monde, ne peut occulter l’histoire du monde fondée sur l’usurpation et la duplicité des autres peuples envers le Peuple noir.
4. On dit souvent qu’un savant ne meurt jamais. Comment la jeunesse africaine peut-elle perpétuer le rayonnement de l’œuvre scientifique et historique révolutionnaire de Kalala OMOTUNDÉ ?
YEA. Kalala Omotundé n’était pas un homme, mais un esprit incarné, puis désincarné pour rejoindre ceux qui l’ont envoyé en mission : le Dieu créateur et les ancêtres africains. A ce titre, les morts ne sont pas morts pour le Peuple noir.
Nioussérê Kalala Omotundé est d’abord un homme de la connaissance qui travaillait sans relâche pour diffuser son savoir au plus grand nombre. Enseignant-chercheur, c’était un écrivain (voir https://a-free-can.com/Livres-OMOTUNDE) et un conférencier de talent qui ne manquait aucune occasion de rappeler le rôle historique et précurseur du Peuple noir, au point de rappeler dans un livre, les « racines africaines de la civilisation européenne », publié aux Editions Menaibuc (www.menaibuc.com).
Pour faire court, le Noir sait d’où il vient. C’est plutôt le Blanc en tant qu’humain qui ne sait pas d’où il vient, à moins de reconnaître qu’un Blanc est d’abord un Noir. Le discours eurocentriste ou occidento-centriste doit rejoindre les musées archéologiques du Peuple noir. Ce n’est pas tant le manichéisme blanc-noir qui est en cause, mais bien l’opposition du bien et du mal.
Malheureusement, au cours des siècles, les valeurs fondant l’unicité du Peuple Noir, à savoir les principes de la Maât, à savoir en autres, la vérité, la justice, la solidarité, la rectitude et la dignité se sont perdus. C’est ainsi qu’Omotundé s’est assigné comme mission sur la terre de contribuer à l’instauration de la discipline manquante dans le circuit de formation du Peuple noir : les Humanités classiques africaines où l’accent est mis sur l’histoire glorieuse du Peuple noir, notamment en Egypte ancestrale avec les Pharaons noirs. Les Humanités classiques kamites désignent les Antiquités négro-africaines pharaoniques couvrant les régions de la Nubie et de l’Egypte ancestrale. C’est le Professeur Cheikh Anta Diop qui le premier a conçu et promu le concept d’« Antiquités classiques africaines ».
5. Après cet émoi dans le monde noir, et plus particulièrement dans en Afrique et aux Antilles suite à la mort du Professeur Kalala Omotundé, pensez-vous que cela peut conduire les Panafricains à mieux s’organiser et à se soutenir face à l’impérialisme ?
YEA. Les Panafricains sont organisés. Ce qu’il faut dire, c’est que ceux qui sont « possédés » par les esprits d’Ifset, à savoir l’injustice, le désordre, le dévoiement, le mal, le chaos, ne dorment pas. La vigilance et la sécurité individuelles et collectives devront redevenir une priorité pour les Panafricanistes. L’impérialisme n’est qu’une fonction de l’injustice, de l’usurpation, de la prédation et de l’insécurité. Autrement dit, l’impérialisme est une fonction d’Ifset et de la falsification. Cela ne peut que s’opposer aux Peuples – noirs et non-noirs- qui ont pour mission de promouvoir les valeurs du Bien et de la Maât, principalement la vérité, la justice, la solidarité, l’ordre, l’équilibre du monde, l’équité, la paix et la dignité humaine pour tous.
En pratique, cela passe par l’exemplarité, ce qui n’est possible que par la confession négative qui fonde l’innocence. S’en éloigner n’est jamais sans conséquence sur la
réaction du Dieu unique créateur, que ce soit d’une part, aux plans individuel ou collectif, et d’autre part, dans les dimensions stratifiées des mondes du visible et de l’invisible.
De ce fait, les Panafricanistes doivent savoir que l’aliénation culturelle, cultuelle, économique, sociale, politique et environnementale a été mise en lumière et a trouvé un début de neutralisation par l’Enseignant-Chercheur-formateur Kalala Omotundé. Il a pu sensibiliser un grand nombre -noirs comme blancs-, et plus particulièrement la jeunesse, grâce à la diffusion de son savoir et ses connaissances via les réseaux sociaux, roulant ainsi dans la farine de manioc, les médias officiels et les télévisions de propagande.
6. Pourriez-vous nous éclairer sur ce mot « Kamite » ? De quoi parle-t-on exactement ?
YEA. Je rappelle que le terme Kamite ou Kémite fait référence aux Egyptiens de l’Afrique ancestrale, qui se désignaient par le terme « KMT » dit « Kamit » ou « Kemet » et qui signifie noir ou nègre sans péjoration. Les KMT ou Kamites nommaient leur pays KEMT ou KEMET, le pays des Noirs ou le pays noir. Avec la prise de conscience sur l’aliénation culturelle imposée aux Noirs, les Africains et afrodescendants, partout dans la Diaspora, prennent de plus en plus conscience leur véritable histoire qui leur a été soigneusement travestie et/ou cachée pendant très longtemps.
Aujourd’hui, le terme Kamite est un courant de pensée fondée sur l’afrocentricité où la population noire et les valeurs africaines héritées de la Maât sont replacées au centre de analyses et des prises de décision, mais aussi des positionnements politiques, sociaux, économiques, culturels, cultuels et environnementaux. Il va de soi que ce Panafricanisme afrocentrique entre souvent en contradiction de celui des agents politiques qui dirigent l’Afrique, dès lors que le mandat reçu du Peuple africain est usurpé.
La civilisation KMT est bien la première de l’histoire de l’humanité où l’écriture, les arts, les mathématiques, les premières techniques agraires, la métallurgie, l’architecture, le système des lois, le système d’organisation politique, la philosophie, etc. ont été inventés, n’en déplaise à certains falsificateurs de l’Histoire du Peuple noir.
7. Que faut-il retenir du Professeur Kalala Omotundé ?
YEA. Trop de choses, tellement il était dense, persuasif et combattant. Il faut retenir qu’il faut combattre comme lui l’Ifset, c’est-à-dire le Mal sous toutes ses déclinaisons. Mais, Kalala Omotundé, comme tous les patriotes panafricanistes, a rappelé l’urgence de réintroduire dans l’histoire africaine, l’Egypte noire pharaonique et l’existence des « Kamites/Kémites » afin de transmettre en filigrane les valeurs et la dignité africaine comme objet de l’Humanité. En ce faisant, il a contribué à lutter contre la marginalisation et l’exclusion systématique du Peuple noir de l’humanité.
Professeur Kalala Omotundé a aussi rappelé qu’il y a parmi ce Peuple noir des traîtres qui ont choisi, souvent pour des miettes alimentaires, de servir de courroies de transmission pour certains Sémites suprémacistes -ésotériques ou pas- en mal d’identité.
Les Panafricains devront donc aussi s’en méfier et organiser la sécurité et un réseau d’intelligence. Il y va de l’avenir de la palabre panafricaine au service du bien-être des populations et de la souveraineté et l’indépendance qui doit en découler.
8. Votre mot de fin, Dr. Amaïzo ?
Le Dieu créateur unique des Africains ne peut qu’avoir confié cet « ancêtre angélisé » rang auquel a été vraisemblablement promu Kalala Omotundé, une autre mission, celle de veiller sur toutes et tous ceux qui ont pour mission de revaloriser la culture et les valeurs kamites.
Le Professeur Cheik Anta Diop a démontré scientifiquement, et sans contradiction à ce jour, que l’Egypte ancestrale des Pharaons noirs est bel et bien d’origine négro-africaine. Il suffit de relire ses deux ouvrages fondamentaux que sont « Nations nègres et cultures, tome 1 et tome 2 » et « Antériorité des civilisations nègres » pour se convaincre de l’ampleur de la falsification de l’histoire du Peuple noir par certains Non-Noirs. Il n’y a donc aucune usurpation ou falsification historique que le Peuple Noir soit appelé « les Kamites ».
Aussi, chaque panafricaine ou panafricain doit redoubler de vigilance en réajustant son logiciel culturel et cultuel en parvenant – individuellement et collectivement- à « penser par nous-même et pour nous-mêmes. En nous quittant prématurément, Kalala Omotundé le Kamite nous force discrètement à « re-penser » notre relation au monde visible et invisible en vue d’une Renaissance des valeurs et du Peuple africain.
La pratique de la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine, où qu’ils soient dans le monde, indépendamment de leurs origines ethniques, leurs appartenances religieuses, ou leurs apparences physiques, doit reprendre le dessus. En cela, la mémoire du Professeur Kalala Omotundé, ce digne fils, esprit et ancêtre de l’Afrique de la Vérité, de la Justice, et de la solidarité, aura été honoré. YEA.
19 novembre 2022
©Afrocentricity Think Tank
www.afrocentricity.info
Yves Ekoué AMAÏZO says
Bonjour Jonas.
Un infini grand merci pour ton éloge.
En fait c’est à toutes les personnes épris de vérité et de justice que tu t’adresses.
Kalala Omotunde, en se désincarnant, nous a tous forcé à faire une introspection à la lumière des confessions négatives, principal outil de neutralisation de l’ipséïté (le mal)..
Mais sur le fond, le panafricanisme, incluant la créolitude, n’est pas viable sans l’exemplarité de chacune et chacun…Ceux cités, Obenga ou Glissant en tête, n’y échapperont pas.
Ton texte est tellement beau que Kalala Omotunde ne peut que se sentir honoré.
Chapeau bas
21 novembre 2022
Yves
Jonas Rano says
Cher ami,
Homme de parole, voici, au petit matin, j’ai écouté ton expression (il est 8.00 en Martinique).
J’ai aimé la distance avec laquelle tu choisis tes mots pour convoquer les maux auxquels nous sommes confrontés,
et dont je parle dans ma thèse de doctorat (déjà), et des réalités qui fondent ce que nous sommes. Nous aurons à en discuter, si le Tout-Puissant nous l’autorise.
En liminaire, je puis t’avouer que ton discours devrait être soutenu par notre ami commun, Théophile Obenga,
de manière forte, en ce qu’il apporterait du point de vue de la science reconnue, et au vu de ce que nous avons offert (lui et l’ami que je suis) en clôture des cours d’égyptologie de Jussieu, il y a quelques années, en présence du fils de Cheikh Anta Diop, M’Backé Diop, et du professeur Jean-Charles Gomez (Racines et Couleurs, n° 124). Cela parce que tu évoques des notions essentielles – au-delà de celle de panafricanisme –, telles que solidarité, unicité, dignité, vigilance, vérité, justice. J’ajoute volontiers : ipséïté.
Sans remettre en question tant les réalités naturelles, que soupçonneuses, autour de la mort de Kalala Omotunde, nous savons que tout être devant mourir un jour où l’autre, il est bon de comprendre que notre combat – tant de combats à mener –, s’appuie sur ce que tu évoques, en substrat, car nous l’élidons souvent : le travail qu’ont pu faire Léon-Gontran Damas, Aimé Césaire, et tant d’autres Américains, Haïtiens, Antillais, et singulièrement Africains, pour libérer tant « notre » parole que « nos » actes, qui nous nous permettent de discourir aujourd’hui dans nos réalités culturelle, cultuelle et spirituelle.
J’aime assez quand tu poses la nécessité de sortir du « théorique » et de l’« intrusif », pour entrer dans le « discursif », pour poser l’acte, ce à quoi nous pressaient Damas et Césaire, mais aussi DuBois, Price-Mars, Janvion, Macien, et tant d’autres que nous ne pouvons oublier pour leur prise de conscience et les défrichements auxquels ils se sont employés, desquels chantiers nous sommes désormais en responsabilité de continuer à construire. Rien ne s’est construit en un jour. J’aime beaucoup, pour exemple, ce point de vue que propose le Capitaine Traoré au Burkina Faso : l’éveil de son peuple, face à ses propres manques et responsabilités, évoquant l’heure venue que son peuple se mette debout !
Kalala Omotunde est ainsi à honorer parmi d’autres, il ne peut en être autrement. Il ne peut être fait dieu par les hommes. J’insiste ! Du vivant des uns, l’on ne souligne que des manques, ce que la mort démystifie avec force, puisque tu as raison, « notre mission est d’éclairer, modestement ».
Dieu ne fait pas de différence entre ses enfants, il donne à chacun une responsabilité, en cela que l’union fait la force… Je renvoie à une réalité confondante : nous écrivons dans les sueurs de notre esprit des livres qui visent à éveiller les consciences des nôtres, lesquels n’achètent pas ou peu ces livres qu’ils lisent en diagonale, passent leur temps à parader dans les salons, et fuient leurs responsabilités, cherchant à faire croire qu’ils sont au combat. Quel combat ? Voilà pourquoi j’aime à rejoindre Einstein sur ce sujet, en substance toutefois, quand il convoque une pensée terrible, qui résume tout à fait cet état d’esprit, assurément le fond d’une mentalité que j’apprécie toujours à ma manière : « Tout ce que l’homme ignore n’existe pas dans son entendement (donc, pour lui). Ainsi, l’univers de chacun se résume à la taille de ses seules connaissances (donc, limitées) ». Comment ne pas frémir devant une telle assertion alors que l’on sait parfaitement sur quelles bases la science a érigé son immense empire ! Et les Noirs, les nôtres, n’ont-ils pas été corrompus, oubliant en conséquence qu’ils devaient prendre les bonnes décisions, pour que nous sachions grandir dans la paix et l’harmonie entre les peuples ? Kalala Omotunde à raison quand il évoque le fait que nous nous sommes dépouillés à notre détriment en faveur des colonisateurs, voire des neocolonisateurs. Certaines parcelles du savoir gardées jadis par la tradition furent celles-là mêmes qui furent divulguées par des initiés kabbalistes, alchimistes, au prix d’un immense travail intellectuel : Kepler, Newton, Leibniz, Descartes, Ampère, Faraday, Edison, Einstein évidemment, et bien d’autres. Y vois-tu le nom d’un Africain, d’un Antillais ? Pourtant, que sommes-nous fiers de nos inventeurs noirs ! Que dire de la pharmacopée moderne si ce n’est que l’étude approfondie des plantes et minéraux renfermés autrefois dans les grimoires africains, permit de savoir quelle substance guérissait et guérit. Que dire de la course des chercheurs auprès des vieux guérisseurs ou sorciers africains et actuels quimboiseurs antillais ? Autrefois, on ne se demandait pas au nom de quels intérêts corporatistes les guérisseurs et les chamans soignaient leurs patients.
Certes, il serait sans fin, de vouloir aboutir les relations existant entre la science et les connaissances révélées autrefois aux initiés de l’Égypte et aux sociétés ésotériques… Ignorance, langue incertaine et maladroite ou chancelante, défaillance du raisonnement discursif, fermeture du cœur, telle est l’image de l’occultisme que les « sorciers modernes » et non les mages offrent à présent au monde par les voies de la presse ou de la télévision. On comprend aisément que leurs propos ne résistent pas au discours clair et pertinent des détracteurs des sciences occultes : savants, psychologues, philosophes.
Comment pourrait-on fustiger ces lettrés lorsque leurs seuls interlocuteurs dans ce domaine sont de simples ignorants ? Certes, on mesure le discrédit jeté sur nos chercheurs (le cas de Cheikh Anta Diop, censure de Damas, de Césaire, de René Maran, etc.), ainsi que la dérision qui inspire les démarches contradictoires, voire obscures, à notre enseigne.
Ceux qui détiennent la Science véritable ne parlent pas. Ou si peu. Et c’est fort juste… Si donc la magie du verbe, authentique, véritable (le mot « magie » révèle par sa structure linguistique le caractère sacré et divin de ce qu’il signifie),
est sagesse, excellence, par quel malentendu a-t-elle pu être confondue, au cours des temps, avec l’ignorance ou la destruction ? Le diable ? Tu en parles ! Lorsque les anciens sanctuaires d’Égypte, à la venue de l’âge sombre vers 1369 av. J.-C., ont été fermés, comme les portes ouvertes aux enseignements de cette connaissance qui ont également été voilés, des bribes de ce savoir ont été déformées pour en produire des maléfices. Le mal ? Tu en parles ! Cette connaissance véritable, même pendant ce cycle obscur, lequel s’achève bientôt, a été dispensée et continue de l’être, notamment par la théogonie égyptienne, et la kabbale.
Ainsi convient-il de comprendre que l’Égypte ancienne, colonie de Mu et terre d’asile des Atlantes, constitue pour l’humanité actuelle un des pôles de ses origines, les autres étant le Tibet, l’Amérique du Sud et le Nord celtique. On comprend l’intérêt que suscitent les travaux de Kalala Omotunde, entre autres. J’insiste ! Notamment, de l’intérêt que présente pour l’homme de ce XXIe siècle, l’homme d’aujourd’hui, la quête de ses racines et plus particulièrement, l’acquisition de ce savoir caché dont tu fais allusion. La réponse me semble évidente lorsque l’on pose la question d’une autre façon : de nos jours, quel intérêt avons-nous pour la science, notamment égyptienne ? Celle-ci en particulier.
On parle de la science de Kalala Omotunde, mais également des sciences, je te l’accorde, elles font leurs œuvres. Cependant, il arrive que Dieu, et pas les dieux, autorise qu’un coin du voile de la connaissance soit levé pour enseigner l’humanité. N’est-ce pas ? Quel homme en tenue de soirée pourrait se contenter d’une seule chaussure aux pieds ? Un unijambiste, me diras-tu, en souriant. Mais enfin… si donc la science de ce début de siècle étudie les lois qui régissent le monde physique, c’est-à-dire le monde visible, audible et tangible, quand est-il de la magie qui scrute tous les plans de l’existence, car elle connaît l’interaction du plan physique et des sphères subtiles. Et j’y viens en conclusion, mon ami :
Par exemple, la pensée et l’émotion ne sont ni visibles ni audibles. Elles constituent cependant une réalité expérimentée (parfois trompeuse, destructrice) chaque jour !
J’espère avoir un jour rendu à mon essence, un tel hommage de toi, comme celui que tu viens de porter en offrande à Kalala Omotunde, à la porte de nos mémoires.
Amitiés.
21 novembre 2022
Jonas