Invité du journal : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Coordonnateur Général, Collectif pour la Vérité des Urnes-Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) et Membre de la Direction du Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI)
Nom du Journaliste à la Rédaction : M. Sylvain AMOS
Adresse : Suisse.
Emission du Samedi 2 mai 2020
Sujet : 60 ans d’indépendance du Togo…
Résumé : Le 27 avril 2020, le Togo a marqué le 60e anniversaire de son indépendance. Néanmoins avec les contre-effets du coronavirus COVID-19, la contre-vérité des urnes exprimée par les tenants du pouvoir au Togo, il n’a pas été possible de fêter comme cela se doit, cet anniversaire. Le problème est que s’il n’y a pas de changement imprévu, le système qui interdit au Peuple togolais de choisir librement et de faire accéder pacifiquement le candidat de son choix à la présidence de la République risque de perdurer. Les conséquences pour plus de 70 % de la population sont d’abord une grande désillusion. Quelles solutions préconisez-vous ? et le Peuple dans tout ceci ?
Questions du Journaliste : Sylvain Amos :
Réponses : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO.
- Le Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la Vérité des Urnes Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) ont publié le mercredi 29 avril 2020 un communiqué conjoint à l’occasion des 60 ans d’indépendance du Togo. Vous dressez un tableau sombre de la vie socio-politique et économique du Togo depuis 60 ans. Vous avez également fait des recommandations. D’une manière concrète et objective, que peut-on retenir de ces recommandations ?
Je vous remercie pour l’invitation et salue vos auditeurs. Vous savez, le Collectif pour la Vérité des Urnes Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) et le Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise indépendante (RCDTI) sont composés de personnalités éprises d’indépendance. Notre crédibilité est fondée sur des analyses que nous partageons avec le grand public. Ces analyses reposent sur des faits et des preuves. Aussi, nous ne dressons pas un tableau sombre de la vie du Togo depuis six décennies, mais bien un tableau réaliste de ce que vit le Peuple togolais et chaque citoyen. La réalité est qu’une minorité oligarchique s’est accaparée la puissance de l’Etat et en abuse pour s’enrichir sur le dos de la grande majorité des citoyens togolais, tout en excluant la Diaspora togolaise en refusant de recenser plus de 2 millions d’individus.
Avant de parler des recommandations, le constat réaliste est qu’à la place de l’indépendance du Peuple togolais, on a assisté graduellement à l’indépendance des tenants du pouvoir et particulièrement les Gnassingbé et son réseau d’affidés vis-à-vis du Peuple togolais ! Autrement dit, quel que soit ce que veut ou dit le Peuple, le système Gnassingbé ne fait qu’à sa tête. Le Chien aboie et la caravane des Gnassingbé passe au 4e mandat, non sans violence, brutalité et morts de citoyens.
Il y a principalement trois recommandations qui reposent elles-mêmes sur des constats.
a/ Le 4e mandat présidentiel de Faure Gnassingbé et anticonstitutionnel. Une plainte a été déposée par le parti de l’Alliance Nationale pour le Changement auprès de la Cour de justice de la CEDEAO. Aussi Faure Gnassingbé devrait attendre la décision de la Cour avant de s’imposer comme Président par l’abus de force et l’abus de droit. A défaut, il n’a que faire de l’avis du Peuple togolais. Il est donc bien indépendant de ce Peuple.
b/ Il faut de l’argent pour mener des luttes sérieuses et efficaces. Nous préparons un recours juridique auprès des juridictions de l’Union africaine, puis auprès juridictions à compétence internationale. Aussi RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA réitèrent leur demande de soutien financier auprès de tous citoyens, associations, sociétés, institutions, gouvernements ou même organisations bilatérales et internationales, dès lors qu’ils sont indépendants du système de Faure Gnassingbé. Aussi, cet argent permet de préparer un recours en justice en toute indépendance.
c/ Nous insistons auprès du Peuple togolais de ne pas perdre courage car cette lutte pour la souveraineté et un marathon démocratique. Nous travaillons à offrir une lutte renouvelée dans le cadre d’une approche appelée la « Troisième voie » qui passe par 4 grandes phases : 1/ la nécessité pour l’Etat de rendre des comptes devant une justice indépendante ; 2/ la proposition d’un projet société commun ; 3/ la mise en place de conférences inclusives pour retrouver une base d’unité d’actions du Peuple togolais ; et 4/ la mise en œuvre d’une période transitoire de pacification du pays avant des élections de la vérité des urnes. Ces quatre phases devraient permettre le retour de la souveraineté du Peuple au Togo, une véritable nouvelle indépendance donc !
- L’indépendance consacre normalement la souveraineté d’un Peuple dans sa République. Pour le cas du Togo, nombreux sont ces observateurs qui s’accordent à dire que la souveraineté du Peuple est confisquée. Etes-vous de leur avis ? Si oui, quel rôle doit jouer la jeunesse pour restaurer cette souveraineté acquise de haute lutte ?
En effet, je suis de cet avis car je n’ai jamais pu voter au Togo, la Diaspora n’est pas recensée et donc à 99 % ne peut voter, et le peuple togolais dans son ensemble se fait voler sa victoire et celui qui gagne ne peut accéder pacifiquement à la Présidence et l’exercer. Oui la souveraineté du Peuple togolais est confisquée par un système ésotérique, militaire et civile appuyé par des intérêts étrangers.
La jeunesse togolaise représente plus de 60 % des forces vives. Elle a donc un rôle à jouer. Néanmoins, sans stratégie, sans projet de société et uniquement des actions ou plutôt des réactions de résistance, une partie de cette jeunesse a été systématiquement soit infiltrée, intégrée ou contrôlée par le système Gnassingbé. Une autre partie s’organise mais se fait régulièrement mettre en prison avec toutes les conséquences sur leur vie, leur famille et leur carrière. Aussi, la jeunesse est une composante essentielle de la restauration de la souveraineté mais comme toute structure, elle ne doit pas être naïve en croyant que l’oligarchie militaro-civile au pouvoir va les laisser faire. Cette jeunesse doit être plus structurée et ne pas faire d’erreurs de stratégiques.
- Une question sur l’actualité politique. Suite à l’élection présidentielle du 22 février 2020, une élection très controversée, la Cour constitutionnelle annonce pour dimanche le 3 mai 2020, la prestation de serment de Faure Gnassingbé. Le journal La Manchette du Togo de Sylvestre Bénin titre en Une de l’un des journaux de cette semaine : contorsions judiciaires au Togo : Procureurs et juges, autres maillons de la dictature. Quelle est vote analyse de la situation.
L’’élection présidentielle du 22 février 2020 doit être invalidée car entachée d’anti-constitutionnalité. Le problème est qu’il n’y a pas en Afrique de juridiction post-électorale supranationale qui ait des moyens de coercition sur l’Etat national. Aussi, pour perdurer et profiter de l’absence de séparations des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire, l’Etat autocrate a une stratégie d’indépendance vis-à-vis de Peuples togolais : soudoyer une partie importante du système judiciaire, notamment les magistrats, les procureurs, les juges, les greffiers (qui font disparaitre des pièces à conviction) mais il ne faut pas oublier les avocats et les notaires. Il y a régulièrement plus que des contorsions dans le système judiciaire au Togo. Cela fait 7 ans que les marchés de Lomé et de Kara ont brulé. Il n’y a toujours pas de plaintes déposées. Plusieurs assassinats ont été commis au Togo, il suffit de citer Tavio Amorin et Atsutsè Agbobli… Aucune enquête n’a abouti… Les témoins sont menacés ou disparaissent… Aussi, on fait comment comme on dit dans les quartiers ! Nous avons choisi d’aller devant des juridictions indépendantes au niveau africain et au niveau international. On verra bien.
- Votre mot de fin
Plus de 75 % de la population togolaise doivent faire face à une grande désillusion. Alors, il ne faut pas chercher des boucs-émissaires mais faire le bilan des mauvaises stratégies et de construire l’avenir à partir de la troisième voie, base d’une unité retrouvée de ceux qui veulent une alternance dans un projet de société commun.
Je vous remercie.
Emission Radio KANAL K – AVULETE du Samedi 2 mai 2020.
© CVU-TOGO-DIASPORA
Mots-clés : anti-constitutionnalité, 27 avril 1960, élection présidentielle, indépendance, jeunesse, juridictions de l’Union africaine, Togo.