RADIO de la VOIX DE VO, AMEGNRAN au TOGO
Invité et Interview exclusive : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Coordonnateur Général, Collectif pour la Vérité des Urnes-Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) et Membre de la Direction du Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI)
Nom du Journaliste à la Rédaction : M. Abel AGLAMEY
Contact : abelaglamey@yahoo.fr
Adresse : Amegnran, Togo.
Emission le Journal en EWE/Mina : Mercredi 3 juin 2020
Emission Le Journal en français : Jeudi 4 juin 2020
Sujet : La situation socio-politique au Togo. Quelques questions pour éclairer nos auditeurs.
Résumé : Qu’est-ce qui a fait échouer la dynamique Kpodzro ? En quoi le Peuple est impliqué dans cette affaire, notamment après les résultats décevants de la dernière élection présidentielle du 22 février 2020 ? Pourquoi la vérité des urnes n’a pas fonctionné au Togo ? Voici quelques questions où nous souhaiterions avoir votre éclairage.
Questions du Journaliste : M. Abel AGLAMEY
Réponses : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO.
- Yves Ekoué AMAÏZO, Bonjour
YEA : Bonjour M. Aglamey et bonjour à tous vos auditeurs
- Vous êtes le Coordonnateur général du Collectif pour la Vérité des Urnes (CVU), pour la présidentielle du 22 février 2020 au Togo, pourquoi la vérité des urnes n’était pas sortie de cette élection ?
YEA : Je vous confirme que je suis bien le Coordonnateur général du collectif pour la Vérité des Urnes Togo-Diaspora, un mouvement citoyen et totalement indépendant financièrement et intellectuellement. Le mouvement est né dans la diaspora et s’élargit avec ceux du Togo qui veulent partager notre objectif et nos analyses.
La vérité des urnes n’est jamais sortie des urnes au Togo, ce depuis l’assassinat en 1963 du président démocratiquement élu, Sylvanus Olympio. Le pourquoi réside dans une conjugaison de plusieurs facteurs. Je vous en citerais 8 au moins :
- Les accords secrets monétaires et de défense, imposés par la France au Togo et toujours en vigueur et qui met en cause la souveraineté du Peuple togolais ; Autrement dit, un président togolais doit d’abord servir les intérêts de la France (secteur privé et publics) avant les intérêts du Peuple togolais.
- La prise de pouvoir par la violence et le détournement du rôle de la sécurité pour tous les togolais au profit de ceux qui s’imposent à la tête de l’Etat avec un appui implicite de puissances occidentales, mais aussi africaines et récemment arabes et chinoises.
- Le contrôle de toutes les institutions électorales par des agents officiels, officieux, certains pour préserver leurs acquis, d’autres pour des raisons alimentaires, d’autres encore parce qu’ils n’ont pas conscience des enjeux de la liberté collective et de la souveraineté du Peuple togolais dans son ensemble
- L’absence de projet de société commun qui aurait permis de mieux écouter ce que désire le Peuple togolais et éviter de croire qu’une élection de la contrevérité des urnes à deux tours allait donner un résultat différent de ce que les élections frauduleuses ont toujours donnée au Togo depuis 1963 ;
- Enfin, un vérité refus d’écouter le Peuple togolais qui avait insisté pour avoir une grande transparence dans tout le processus pré-électoral. Cela aurait dû conduire à une unité d’action pour ne pas aller à ces élections du 22 février 2020. Mais, 6 partis ont choisi d’y aller avec les résultats d’échecs que chacun peut constater.
- L’anti-constitutionnalité et l’illégalité de la Cour Constitutionnelle togolaise n’a jamais été fondamentalement mise en cause au plan juridique, notamment par une procédure d’urgence devant la Cour de Justice de la CEDEAO. Cela aurait permis l’annulation des élections.
- Enfin, une sorte de silence et refus de faire le bilan des stratégies choisies par les six partis qui sont allés à ces élections de la contrevérité des urnes et qui ont perdu. Autrement dit, le Peuple togolais ne doit plus faire confiance à ces partis politiques, sauf s’il y a de véritables restructurations en profondeur et que la démocratie vérifiable émerge au sein de ces partis.
- Pour toutes ces 7 raisons principales, la vérité des urnes ne pouvait pas sortir des urnes, ce d’autant plus que tous ceux des partis politiques qui sont allés à ces élections savaient qu’au Togo, et c’est la 8e raison, la loi électorale togolaise ne permet pas de compter les voix « bureau de vote par bureau de vote », mais par le comptage de procès-verbaux non vérifiables. Ces procès-verbaux émanaient des institutions contrôlées par le pouvoir. Alors pourquoi certains ont cru que le pouvoir en place depuis 1967 allait « déménager » ? Et pour aller où ?
- Selon votre lecture de la situation socio-politique togolaise, vous avez l’habitude de dire que le Peuple togolais est une victime silencieuse d’un pouvoir oligarchique. Que vient chercher le Peuple togolais dans cette lutte, Dr. Yves Ekoué Amaïzo ?
YEA : Le Peuple togolais est bien une victime du système RPT/UNIR et du régime Gnassingbé. Mais le Peuple n’est pas toujours silencieux. Le problème est que lorsque le Peuple manifeste, c’est le système Gnassingbé qui rend ce Peuple silencieux, notamment par la violence, l’intimidation, les emprisonnements, les tortures et surtout des homicides volontaires et des assassinats qui restent impunis. Aussi, le CVU-TOGO-DIASPORA ainsi que d’autres partenaires dont le réseau de coordination de la Diaspora togolaise indépendante (RCDTI) invitent toutes les victimes à se manifester avec des preuves à l’appui pour que nous puissions faire un recours devant des juridictions indépendantes africaines et internationales pour que la responsabilité de l’Etat togolais soit reconnue. Le Peuple vient chercher son droit à la souveraineté, son droit à la vérité des urnes et des comptes publics. Le Peuple vient chercher son droit à exister.
- Aujourd’hui, la Dynamique Monseigneur Kpodzro peine à prendre le devant de la scène. Quelle est aujourd’hui son erreur et qu’est-ce qui bloque cette Dynamique pour aller au fond et amener un jour l’alternance que le Peuple recherche tant dans notre pays ?
YEA. La Dynamique Kpodzro n’a pas, à ma connaissance, peut-être jamais, vraiment pris les devants de la scène politique togolaise, mais a pris les devants du candidat du parti du Dr. Agbéyomé Kodjo, le Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD), l’ex-parti OBUTS. Il s’agissait de faire exister un parti OBUTS qui n’avait pas de véritable ancrage populaire sous un nouveau nom et ainsi de récupérer tous les déçus dans les rangs de l’opposition. Il faut croire que cela n’a pas réussi pour le moment. Il y a eu donc une erreur stratégique.
Mais l’objectif politique du partenariat Dynamique Kpodzro et MPDD qui était de « faire la politique autrement » était en fait une nouveauté au Togo, sauf que le passé ne peut servir de référence. Alors qu’est-ce qui bloque cette dynamique ? Ce sont ses propres méthodes de travail où la démocratie est partielle et partiale. Mais c’est aussi son erreur stratégique, car au Togo, les 4 précédents candidats aux élections présidentielles ont toujours gagné. Mais ils n’ont jamais pu exercer le pouvoir. Il s’agit de Gilchrist Olympio, de Bob Akitani, de Jean Pierre Fabre et récemment de Agbéyomé Kodjo. Donc cette analyse du passé aurait dû conduire à une approche différente dans leur stratégie politique. Depuis, je rappelle à ce partenariat « Dynamique Kpodzro et MPDD » qu’il aurait été plus convaincant d’avoir un projet de société commun et donc un candidat avec une équipe commune et acceptés par la grande majorité du Peuple togolais.
Cela aurait permis une plus grande inclusivité au lieu de la dispersion avec 6 partis. Bref, le candidat unique n’a été unique que pour ceux qui l’ont choisi. L’alternance politique ne peut se faire sans un projet de société commun, sauf si un coup d’Etat précipite les évènements. Mais alors ce sera l’armée qui risque de prendre le pouvoir comme depuis 1967, pour ne pas dire depuis 1963, non sans un soutien implicite extérieur.
- Votre message pour le Peuple togolais, qui ne cesse d’assister ces derniers jours, à des crimes odieux dans notre pays ?
YEA. Quand vous parlez de crimes odieux, il faut être plus précis. Je pense que vous faites allusion aux crimes odieux commis contre les citoyens togolais par des forces de sécurité lors du couvre-feu établi pour la non-prolifération du coronavirus – COVID 19. Mais, il s’agit aussi bien avant ce couvre-feu, des crimes odieux commis lors des manifestations du Peuple contre le système Gnassingbé. Vous devez certainement aussi penser à l’assassinat du Lieutenant-Colonel Bitala Madjoulba et tant d’autres citoyens ou militaires au sein de l’armée togolaise.
Autrement dit, c’est le fait qu’il y a quasi-systématiquement une impunité à la suite de ces crimes odieux qui est le fond de votre question. Si c’est donc cela le fond de votre pensée, je ne peux que m’indigner que le Togo soit devenu un Etat fonctionnant comme un Etat mafieux, c’est-à-dire à partir de la Loi du plus fort et du plus violent. Il faut que cela s’arrête.
C’est pour cela que nous nous organisons au niveau de CVU-Togo-Diaspora pour porter une partie de ces crimes et donc des victimes devant des juridictions indépendantes pour que la vérité puisse triompher un jour.
- Quelle analyse faites-vous du silence du Peuple togolais, face à ces « dernières choses » auxquelles nous assistons au Togo ?
YEA. Le silence du Peuple togolais n’est pas silencieux et je vous l’ai dit tantôt. Le Peuple togolais est forcé au silence par les menaces d’assassinats, les chantages, les injustices, le refus de faire appliquer le droit et une justice des plus forts. Ce que vous appelez « ces dernières choses » doit être nommé. Il s’agit des assassinats impunis et le refus du respect du droit, notamment ce que prescrit la Constitution togolaise. Mais, pour votre information, le Togo ne respecte aucune des grandes conventions internationales et africaines prônant le respect des droits humains et le respect des Peuples. CVU-TOGO-DIASPORA et RCDTI vont tenter de faire constater cela par des juges indépendants. C’est une procédure longue mais la victoire est aussi évidente que le jour se lève, si Dieu veut.
- Votre mot de fin ?
YEA. J’exhorte le Peuple togolais à apprendre le discernement entre ceux qui travaillent pour le Peuple togolais et ceux qui travaillent contre le Peuple togolais en faisant semblant car en réalité, ils travaillent pour leur propre compte, voire carrément pour Faure Gnassingbé. Je vous remercie pour l’invitation.
Emission Radio de la VOIX DE VO au TOGO
Mercredi 3 juin 2020.
© CVU-TOGO-DIASPORA