Comment dire « non » à la violence et aux crimes d’une partie de la police nigériane devenue hors-la-loi ? Le Peuple manifeste pacifiquement ! Les autorités parlent d’incidents passagers et de non-respect d’un hypothétique couvre-feu contre la COVID-19. Pourtant cela fait plus de 15 jours que cela dure !
1. DÉCALAGE DANS LA COMMUNICATION DES FAITS
Les autorités fédérales et des Etats n’ont rien anticipé, au contraire, elles semblent désarmées alors que la mobilisation contre les violences policières prend de l’ampleur, avec de nouvelles victimes.
Malgré un couvre-feu gouvernemental, il y a eu des manifestations antiforces de sécurité intérieure au Nigéria, notamment dans trois Etats donc Lagos le 21 octobre 2020. Des manifestants ont été abattus par les forces de sécurité. Les autorités tentent de minimiser le chaos nocturne et annonçant qu’aucun militaire n’était sur les lieux au moment de la fusillade. Pourtant, au moins « quatre témoins ont déclaré que des soldats avaient tiré les balles et qu’au moins deux personnes avaient été tuées ».
2. VICTIMES AU NIGÉRIA, CITOYENS DE SECONDE ZONE
Le Président Muhammadu Buhari constate que son appel du 9 octobre 2020 au « calme et à la patience » et sa décision de réformer la « réformer la brigade spéciale anti-vol, SRAS, d’enquêter sur les cas d’infractions et de traduire les contrevenants en justice » n’a pas véritablement été suivi d’effet. Aucune indemnisation pour les victimes, notamment les morts et les blessés liés aux violences policières.
3. SILENCE COUPABLE
Personne ne comprend le silence des autorités, tant au niveau fédéral qu’au niveau d’au moins trois Etats, face aux actes hors-la-loi des forces de sécurité, policiers et militaires confondus contre les citoyens.
La raison des manifestations demeure l’insécurité et l’impunité de plusieurs « brigades spéciales de lutte contre les vols » qui avaient institutionnalisées leurs activités extrajudiciaires notamment des délits, des vols et des crimes contre une population qu’elles étaient censées servir.
4. IMPUNITÉ INSTITUTIONNALISÉE : PRÉSIDENT OTAGE DE HORS-LA-LOI ?
Si les instructions du Président et des gouverneurs concernés ne permettent pas de mettre fin aux brutalités policières et aux comportements contraires à l’éthique, il est clair que l’on est dans une logique de l’impunité et du refus d’une partie de la police et des militaires nigériens de rendre des comptes à la population.
L’impossible réforme de la police témoigne de l’impossibilité au Nigeria de traduire les agents criminels de l’Etat en justice. La question est de savoir si le Président Buhari n’est pas devenu l’otage de ces groupes sécuritaires fonctionnant comme un Etat dans l’Etat, tels de véritables séparatistes ? Les liens parfois mafieux entre les autorités et la police peuvent expliquer le silence et la gêne. Mais c’est un camouflet à la liberté et aux droits du Peuple nigérian de manifester pacifiquement pour sécuriser leurs villes et leur pays.
5. URGENCE DE LA CONCERTATION NATIONALE SUR LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE
Manifestement, les autorités politiques et sécuritaires du Nigeria semblent débordées, versent dans la loi du silence, une omerta qui ne répond pas aux attentes légitimes de sécurité des citoyens, face aux violences et dérives d’une grande partie des forces de sécurité. Attention de ne pas devenir complice d’une situation qui pourrait dégénérer en mini-guerre civile. Le vote d’un fond spécial pour les victimes de violences policières pourrait servir de point de départ pour une Concertation nationale sur le rôle des forces de sécurité intérieure face aux populations. YEA.
21 octobre 2020.
Dr. Yves Ekoué AMAÏZO
Directeur Afrocentricity Think Tank
© Afrocentricity Think Tank
Source : https://youtu.be/t1ygcvm_95Q